Vichy en deuil : Maurice est mort !

Publié le par Log

Pas de justice pour Maurice
Pas de pendaison pour Papon
La France rance s'en balance
Notre conscience marque l'absence
Au rythme d'un wagon obscène
Au son d'un plouf dans la seine
Malsain ses souvenirs s'assènent
A nous nouant une corde peu saine
Autours du cou de Saddam Hussein
Ca délivre des culpabilités
Quand la mort vient à frapper
La faux fait le sale boulot
Parce que le courage nous a fait défaut


Samedi 17 février : Maurice Papon est mort ...
... libre !


Trop tard pour se bouger, pour enfermer cette pourriture !

Sous ses airs de p'tit vieux martyr : un sacré salaud !

Hola attention hein ! Tout ceux qui hurlent qu'il fallait guillotiner cet anitsémte je les vois venir !

D'une part, ça gênait pas grand monde quand il s'occupait des convois de juifs de la Gironde vers le camp de Drancy. D'autre part, ce sera pas le premier, ni le dernier collabo de Vichy qui coulera des jours heureux sans être inquiétés.

Par contre, ce qui est plus gênant avec Maurice, c'est son passé d'après guerre et que beaucoup connaissent moins. Pourtant il s'agit des évènements qui sont parmi les pires de la France d'après guerre : les massacres du 17 octobre 1961 et les évènements du métro Charonne l'année suivante (c'est du lourd cet article)



Mais Maurice, pourquoi il a pas été jugé dès 1945 ?

Maurice qui s'amuse à déporter des juifs sous Vichy est gardé comme préfet par les gaullistes, bizarre vous dites ?

Ben faut dire que la Résistance du côté de Bordeaux (fief de Papon) avait un accord avec la Gestapo (oui oui vous avez bien lu) au nom de l'anti-communisme.

En somme, ça revient à dire : les ennemis de mes ennemis sont mes amis ... même s'ils sont mes enemis.

Et comme Papon était tout sauf un rouge de sale communiste Stalinien marxiste, ben il pouvait être collabo et résistant en même temps.

De Gaulle savait tout ça, mais bon il s'en foutait pas mal. Comme pote, il préférait un bon collabo à un bon coco.

Du coup, Maurice en profite pour obtenir la légion d'honneur en 1948 avant d'être officiellement reconnu comme résistant (un papier officiel et tout). Le gaullisme, héritage de la Résistance ... c'est beau ! De la résistance face au communisme surtout !



Ok, mais Octobre 1961, il se passe quoi ?

Pour signer les accords d'Evian qui mettront fin à la guerre d'Algérie, la France commence à calmer le jeu avec le FLN (Front de Libération Nationale de l'Algérie).

La police trouve pas cela normal parce que plusieurs dizaines de policiers sont morts lors d'attentats du FLN. Du coup, plusieurs flics s'amusent sur leur temps libre à zigouiller des nords-africains(ce qu'on appelle communément des ratonnades) : Un pic de 54 cadavres de nord Africains est recensé par l'Institut médico-légal du 1er au 16 octobre 1961 (sûrement une épidémie). On en retrouve plein la Seine. Vous savez maintenant d'où vient cette expression "balancer un arabe à la Seine" (sans ironie).

Parallèlement un couvre-feu fut instauré pour les "français musulmans d'Algérie" de 20h30à 5h30 (pas besoin d'étoiles jaunes pour eux, ils étaient plus faciles à reconnaître faut croire)

Du coup, le 17 octobre 1961, le FLN "oblige" les algériens a défiler pacifiquement pour montrer qu'ils sont pas contents (il leur est vivement recommandé de le faire sous peine d'être livrés à eux même dans cette France pas toujours très accueillante).

Et là c'est l'orgie !

Le préfet de police de Paris à l'époque, c'est Maurice Papon. Et vous savez comment Maurice aime les rassemblements sous bonne garde.
A défaut de kapos, il aura la police de Paris qui "annonce" 11 000 internements le soir même. Internements qui se prolongeront pendant plusieurs jours (vous connaissez comme moi les chiffres de la police qu'il faut multiplier par 2 ou 3 pour s'approcher de la réalité).
Bien entendu dans cette charmante ambiance, on assiste à des coups, des passages à tabac, puis ça dégénère. Bilan officiel que titrent les journaux le lendemain : 3 morts et 55 blessés.

L'un des "3" morts du 17 Octobre 1961 ...


Extraits de journaux le 18 octobre :

"Pendant trois heures 20 000 musulmans algériens ont été les maîtres absolus des rues de Paris" (Paris-Jour)

"La vigilance et la prompte action de la police" (Le Figaro)


Seul Libé et l'Huma ne veulent pas s'en tenir au bilan officiel :

"Sur ce qu'a été cette tragique journée d'hier, nous ne pouvons tout dire. La censure gaulliste est là. Et l'Humanité tient à éviter la saisie pour que ses lecteurs soient, en tout état de cause, informés de l'essentiel." (L'Humanité)


Un journaliste américain de passage parle de "Saint-Barthélémy moderne".

Les protestants en sang ou les algériens qui protestent : même tarif !

Bref, le bilan est difficile à connaître.

Quelques jours plus tard, un élu interpellera Papon lors du conseil municipal de Paris à propos des 150 corps repêchés dans la Seine. Des chiffres vont jusqu'à 325 victimes.

Bon alors Maurice il a grave déconné ok, mais comme d'hab il est couvert. Le président de Gaulle et le premier ministre Michel Debré ne semblent pas avoir de problèmes pour dormir.



Alors pourquoi en faire tout un article de tout ça ?

Ben parce qu'encore aujourd'hui c'est un sujet tabou.

17 octobre 2001 (40 ans après), Delanoë pose une plaque commémorative pour une reconnaissance officielle du massacre : aucun élu de droite de la mairie n'y assiste. A croire que c'est plus difficile pour la conscience d'un politique d'assister à une cérémonie présidée par un adversaire politique que de faire l'impasse sur un massacre de l'Etat français.
Le même jour à l'Assemblée Nationale, un ancien combattant vient critiquer le principe d'un couvre-feu basé sur le faciès (en parlant du couvre-feu anti algériens) et une majorité de députés RPR et de Démocratie Libérale (Don't Rest In Peace) quitte la séance. Sans stigmatiser sur les étiquettes politiques, les massacres d'Octobre 1961 dérangent encore beaucoup de monde.

Si ces évènements ont été passés sous silence c'est aussi parce que les salauds de communistes ont considéré les évènements du métro Charonne (qui ont eu lieu moins d'un an après les massacres d'Octobre 1961) comme étant la réponse la plus violente de la police sur des manifestants pacifiques.

Sauf que si les évènements du métro Charonne c'était pas joli joli, c'était tout de même de bien moindre ampleur.

Mais c'est quand même intéressant d'en parler parce qu'à l'époque de cet évènement, qui c'est qu'on retrouve comme préfet de police à Paris : ben Maurice !
Vous croyez quand même pas que les gaullistes l'auraient dégagé, il faisait du si bon boulot (duquel s'inspira Charles Pasqua, non ? Le digne héritier a fait à peine moins fort avec ses voltigeurs et Malik Oussekine)

Les évènements du métro Charonne ont donc été bien plus "médiatisés" et vous en connaissez tous au moins un témoignage, celui-ci :

Ils sont pas lourds, en février,
à se souvenir de Charonne,
des matraqueurs assermentés
qui fignolèrent leur besogne,
la France est un pays de flics,
à tous les coins d'rue y'en a 100,
pour faire règner l'ordre public
ils assassinent impunément.

Renaud - Hexagone.
Le titi parisien qui aurait pu chanter :
"les crimes policiers et bavures policères, il faut que ça cesse, il faut que ça cesse !"



Alors qu'est-ce qui s'est encore passé dans notre bonne vieille capitale
le 8 février 1962 au métro Charonne ?


Février 1962 : y a pas que le FLN qui fout le bordel par des attentats en France !
L'OAS (Oraganisation armée secrète) qui s'oppose au fait que l'Algérie soit indépendante fait pression sur l'Etat français pour pas qu'on rende l'Algérie aux algériens.

Le 7 février, l'OAS fait péter 10 bombes. Le soir même, syndicats et partis politiques appelent à une grande manif le 8 février contre l'OAS et pour l'indépendance de l'Algérie.

Sauf que les manifestations avait été interdites jusque là.

Et Maurice doit faire respecter l'ordre et la loi !

On envoie les compagnies spéciales d'intervention (les ancêtres de nos CRS) sur des manifestants qui se dispersaient. Pris en tenaille, ces manifestants trouvent refuge dans les bouches de métro Charonne et sont coursés par des flics qui vont jusqu'à leur balancer des grilles d'arbres en métal (mieux que la matraque, on leur apprend plus ça !).

Le truc c'est que niveau portée, le flashball est plus efficace quand même !
Mais sinon, Sarko avait prévu de nouvelles grilles d'arbres ... en tant que ministre de l'aménagement du territoire

Bilan : 9 morts. 9 syndicalistes ou communistes (parfois les deux, salauds de cumulards gauchistes). Ce qui fera donc dire au PCF que cet évènement était la plus grosse répression policière depuis des dizaines d'années (passant ainsi sous silence le massacre d'octobre 1961).


Pour la petite histoire :

Ce qui est drôle c'est que l'OAS, en plus de vouloir garder l'Algérie, était profondément anti-communiste. Et certains vont jusqu'à dire que les 9 morts furent une preuve donnée à l'OAS que l'Etat français était suffisamment anti-communiste. Ainsi cela permettait de calmer l'OAS et de terminer tranquillement les accords d'Evian avec l'Algérie. Indirectement c'est encore ces salauds de coco qui ont foutu le bordel !

Bon alors tout ça pour dire que Papon est mort et que l'on devrait s'en réjouir autant que du décès d'Alfredo Stroessner le 16 août dernier ou de celui d'Augusto Pinochet en décembre dernier. Mais au final, ils meurent tous libres comme s'ils n'avaient jamais rien fait.

Pinochet, Stroessner, Papon : un joli podium qui nous a quitté dernièrement
Les vraies valeurs s'en vont, qu'est-ce que vous voulez ma bonne dame : y a plus de saisons !


A ce propos saviez-vous que Pinochet est descendant d'une famille française originaire de Lamballe ? (véridique)
Il paraît qu'il reste plein de Pinochet là bas !
Bon on a pas pu avoir Augusto, mais on aura les autres !

Publié dans blogalog

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G
et oui, les ancêtres deMaurice étaient sonneurs des bagadou des pompiers de Lamballe...paaapoooon paaaapooonnn
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